KASSORY FOFANA : Le silence ne signifie pas indifférence, la prison n’est pas une condamnation sans retour
À chaque jour suffit sa peine. Kassory Fofana, ancien Premier ministre, vient d’écoper d’une condamnation à cinq ans d’emprisonnement. Déjà trois longues années passées derrière les barreaux. Tant que la justice ne s’était pas prononcée, il n’était pas de bon ton de commenter cette affaire scabreuse, qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Espérons que son épilogue viendra rapidement, dans un dénouement heureux. Maintenant que le verdict est tombé tel un couperet le jeudi 27 février, le tabou est brisé. L’institution judiciaire se prévaut d’avoir un visage humain. Il ne peut en être autrement, car la justice est faite pour les hommes autant qu’elle est rendue par eux. Et, jusqu’à preuve du contraire, personne n’a une pierre à la place du cœur. Ceux qui rechignent à la compassion et se réjouissent du malheur d’autrui ne se mettent pas à la place des autres.
C’est lorsqu’on se sent seul, abandonné à soi-même, et confronté aux pires difficultés qu’on comprend le besoin des autres et mesure combien souvent les marques de soutien, de sympathie et de solidarité pansent les blessures et comblent de joie.
Amis, partenaires et proches de Kassory ont tous une pensée affectueuse pour lui et prient pour sa libération. Quoi qu’il ait pu faire ou dire, quoi qu’on lui reproche, à son âge, avec tout son bagage et sa carrière publique, ainsi qu’avec son état de santé précaire, il mérite de retrouver sa famille et ses proches après ces mois pénibles de détention.
Un homme public n’a pas que des amis et vit dans l’adversité quotidienne. Cependant, au-dessus des querelles de clocher et de chapelles, il y a une obligation d’humanité qui incombe à chacun et interdit de se délecter des ennuis que d’autres pourraient rencontrer dans leur odyssée. Il est donc possible de pleurer pour Kassory et d’implorer la grâce divine pour lui, au même titre que pour tous ceux qui sont dans la tourmente. Le malheur frappe à la porte de chacun, et du jour au lendemain, on pourrait tomber dans la fosse aux lions.
Assumer l’amitié et la fraternité apaise le cœur ; ne rien oublier de son passé et de ses convictions d’hier soulage la conscience. Ibrahima Kassory Fofana a été présent pour ses concitoyens tout le temps qu’il fut aux affaires, et s’est montré charitable envers tous. Il ne doit pas se sentir seul au monde en ce moment où il est en proie aux doutes et à l’anxiété, traversant un passage à vide, se demandant s’il reste des personnes qui se souviennent de lui, lui sont reconnaissantes de ses bienfaits et plaident sa cause dans les allées du pouvoir et auprès du Prince.
Même s’il faut rester le dernier des Mohicans, il ne faut pas abandonner Kassory à son sort peu enviable ni détourner le regard de son spleen.
Tibou Kamara